Mardi, quatorze heures. C’est l’heure de la réunion.
Vous avez bien déjeuné et vous êtes revenu au bureau à treize heures trente. Vous avez eu le temps de boire un café avec vos collègues, de commenter l’actualité du jour, d’attraper votre ordinateur portable et de prendre l’ascenseur pour vous rendre au neuvième étage.
Vous accédez à la salle et vous saluez les six ou sept collègues qui sont déjà assis. Le présentateur du jour, Patrick, est en train de se débattre avec le vidéoprojecteur qui affiche désespérément « No source available ». Vous vous asseyez autour de la table de manière à n’être ni trop près ni trop loin. Patrick, en bout de table, a réussi à obtenir une image. Son PowerPoint affiche la diapositive de titre.
Vous n’avez jamais travaillé avec Patrick, mais d’après ce que vous savez, il est rompu à ce genre d’exercice. Il travaille à l’informatique et va vous montrer la solution que son équipe vous propose pour la création d’un logiciel destiné à faciliter le suivi client.
Il s’exprime bien, sourit suffisamment, s’adresse à tous… Vous êtes attentif.
Sa première diapositive est une liste à puces. Vous lisez. Patrick aussi lit tout haut. Il commente un peu chaque point. Vous avez fini de lire tous les points alors que Patrick en est au deuxième. Vous écoutez un peu moins…
La diapositive suivante est un tableau. Vous essayez de comprendre ce dont il s’agit. En colonne il y a les années. Bon. En ligne, il y a les noms de vos plus gros clients. Il y a des chiffres à l’intérieur des cases… On ne sait pas ce dont il s’agit. Est-ce qu’il vient de le dire ? Vous ne savez pas, vous n’avez pas écouté. Il le dit : c’est le montant facturé pour chaque client en kilo euro. C’est idiot, vous vous rendez compte que c’était écrit en dessous, en petit. Patrick annonce qu’il ne faut pas s’intéresser à la colonne « 2007 ». De toute façon, elle est fausse. Ah bon.
Troisième diapo. De nouveau une liste à puces. Vous lisez rapidement. Vous consultez discrètement votre téléphone. Rien de neuf. Tiens, le vidéoprojecteur est un Sony. Au fait, il va falloir que vous rachetiez un téléviseur, le vôtre est un peu ancien. Et il y a quoi à la télé ce soir ?
Sixième diapo. Vous en avez raté deux ! Mince. Est-ce qu’il a dit quelque chose d’important ? Vous vous penchez pour demander à votre voisine. Elle vous répond qu’il a dit un truc sur le système en place, comme quoi l’architecture client-serveur n’était plus d’actualité ou quelque chose dans le style.
Vous vous concentrez à nouveau sur ce que raconte Patrick.
Septième diapo. Elle est très compliquée. Il y a un schéma, une image, une bulle avec du texte et un camembert. C’est écrit petit : vous plissez les yeux. Patrick est en train de détailler le schéma. Vous avez les yeux rivés sur le camembert. Rouge et rose côte à côte. Bof. Vous l’écoutez d’une oreille.
Vous baillez.
Vous arrivez à suivre la partie sur les fonctionnalités de personnalisation de l’application.
Vous baillez à nouveau.
C’est fini.
Comment cela aurait-il pu mieux se passer ? J’attends vos réponses dans les commentaires.
4 comments
Join the conversationsam - 24 janvier 2013
je pense pour ma part qu’il aurait du reprendre les mots clés pour résumer chacune de ses diapo, ensuite varier les tons, intonations, rythmer son intervention. Mais surtout surtout pas lire si le ton est monotone on risque d’être attentif les 5 premières minutes.
en ce qui concerne le diaporama je ne suis pas une pro mais je pense que les animations aurait pu l’aider dans sa présentation, les couleurs sont importantes (pour les graphiques).
voila pour mon commentaire je suis loin d’être une professionnelle de la communication
Cecile - 27 janvier 2014
Bonjour Pascal,
Huum… Ca rappelle de (mauvais) souvenirs. D’abord un intervenant qui relit son diaporama surchargé d’infos sans réussir à s’en détacher. Pour l’auditoire, la désagréable impression d’être venu pour rien (zéro valeur ajoutée, on sait lire…) La frustration de vouloir retenir TOUT ce qui est écrit tout en écoutant, ce qui est impossible pour un être humain normalement pourvu en neurones. Et si en plus le support n’est pas remis à la fin et qu’on doit prendre des notes… Le décrochage est programmé ! C’est le travers classique qui consiste à faire de PPT une fin et non un moyen. Même s’il existe des outils plus dynamisants pour l’esprit type PREZI ou VIDEOSCRIBE, le « coupable » n’est pas PPT, mais bien le sympathique Patrick meilleur en informatique que pour faire passer ses messages (parce qu’il n’a pas appris, ou qu’il se raccroche à son support comme à une bouée de sauvetage.. etc ) Bravo pour votre blog et vos vidéos qui mettent du coeur à l’ouvrage quand on doit se coller à l’exercice de la prise de parole en public !
pascalhaumont - 27 janvier 2014
Merci pour votre retour Cécile,
Malheureusement, des Patrick, il y en a des millions à travers le monde, qui font perdre beaucoup de temps et donc beaucoup d’argent aux entreprises…
N’hésitez pas à revenir pour nous raconter comment se passent vos prochaines prises de parole !
Pingback: Le blog d'illycom | Pascal Haumont | Les règles à ne pas appliquer quand on fait un PowerPoint